Kingdom Hearts Destiny

Après Tetsuya Nomura, l'une des figures emblématiques de la série KINGDOM HEARTS est sans aucun doute Yoko Shimomura. La compositrice a été interrogée par le site 1UP.com sur son travail pour KINGDOM HEARTS 3D [Dream Drop Distance].

Cette actualité est l'occasion de rappeler que Yoko Shimomura sera présente à Japan Expo le samedi 7 juillet aux côtés du producteur Shinji Hashimoto pour célébrer les dix ans de la série. Ils seront ensuite sur le stand de Nintendo pour une séance de dédicaces.

Interview de Yoko Shimomura par 1UP.com


• Le concept des rêves se retrouve dans la quasi totalité des éléments de KINGDOM HEARTS 3D [Dream Drop Distance]. Comment ce thème a t-il influencé la composition des musiques de ce jeu ?

Shimomura : J'ai gardé à l'esprit le thème du « rêve » et celui de la « nuit ». Plusieurs fois, j'ai imaginé des mélodies amusantes, hors de l'ordinaire, et légères.


• La musique dans les mondes de Disney dans KH3D évoque parfaitement l'esprit des oeuvres originales, particulièrement pour Tron : L'Héritage et Le Bossu de Notre Dame, sans pour autant utiliser les musiques de ces films. Comment avez-vous su saisir l'essence de ces mondes à travers des compositions originales ?

Shimomura : Je vous remercie. C'est une tradition que j'ai gardé depuis les premiers KINGDOM HEARTS. Tout d'abord, je rassemble des informations par l'intermédiaire de mots qui décrivent la scène (par exemple, c'était « nuit » ou « parc d'attractions » cette fois). J'observe également l'artwork du monde et je visionne plusieurs fois des extraits (seulement de petits clips) de Sora se déplaçant dans ce monde. Puis, je laisse faire mon imagination pour reproduire le film original dans mon esprit. Le plus important n'est pas de regarder les films originaux pendant le processus de création. Si c'est un film que j'ai déjà vu, je compte sur ma mémoire ; s'il s'agit d'un film que je n'ai jamais vu, je le regarderai et j'attendrai un peu avant de commencer à travailler. Si je travaille en même temps que je regarde le film, ou juste après l'avoir vu, les possibilités de copier sont plus grandes.


• Dearly Beloved est un thème devenu emblématique après le premier KINGDOM HEARTS, et pourtant il semble différent à chaque nouveau jeu. Pouvez-vous expliquer comment vous parvenez à reprendre un ancien thème et à le repenser pour chaque nouveau chapitre de la série ?

Shimomura : Il y a des moments où je peux peux dire « Oui, je vais suivre cette direction » juste après avoir vu un projet, et d'autres où je dois simplement attendre encore et encore jusqu'à trouver comment je veux procéder. En fait, j'essaie toujours de ne pas trop réfléchir lorsque j'imagine un thème.


• Devez-vous penser différemment lorsque vous composez pour un jeu portable comparé à un jeu sur console de salon ? Comment se déroule le processus de création pour un projet entièrement nouveau (comme Parasite Eve) comparé à celui qui a déjà des bases solides sur lesquelles s'appuyer (comme KINGDOM HEARTS ou Super Mario RPG) ?

Shimomura : Puisque KH3D utilise de la musique préenregistrée, la source audio est meilleure que pour les deux KINGDOM HEARTS sur console de salon (le premier et le deuxième épisode de la série n'utilisaient pas de musiques préenregistrées mais des sources audio internes contrôlées par MML [Music Macro Language], un langage de programmation qui permet à la console de générer des sons à l'aide de ses propres sources audio internes). Dans le processus actuel, d'autres mesures peuvent être utilisées pour adapter les enceintes d'une console portable, comme de faire en sorte que la basse soit plus forte, ou de renforcer les basses tonalités, mais l'opérateur synthétiseur est vraiment bon, et je n'ai pas besoin de me soucier de tout cela, je peux créer ma musique librement.

S'agissant de construire quelque chose de totalement nouveau par rapport à une base déjà existante, le processus de création est sans aucun doute différent. S'il existe déjà une base pour une mélodie, d'abord et avant toute chose, je m'assure de ne pas perturber son univers, et j'essaie de tendre vers celui-ci en laissant mon imagination faire. Si c'est quelque chose de totalement nouveau, j'essaie d'imaginer quelque chose d'un peu fou et d'explorer les différentes possibilités. C'est comme si j'allais d'abord le plus loin possible pour ensuite y revenir et affiner mon travail en le coupant dans de nombreux angles différents. Mais dans les deux cas, le processus de « se rapprocher de l'essence même du travail » est le même.