Kingdom Hearts Destiny

Si l'on devait relever un défaut à première écoute des deux OST, il s'agirait de la ressemblance des pièces. Mais dès la deuxième écoute, on saisit toute la finesse de composition de Yoko Shimomura. En effet, elle parvient à créer une ambiance rêveuse, sentimentale et poétique à travers sa création. Cette ambiance est toutefois similaire à celle des Final Fantasy, ce qui pourrait être révélateur de l'influence qu'a pu exercer Nobuo Uematsu sur Square Enix et ses jeux. Mais l'oeuvre de Yoko n'en est pas moins fantastique: elle regorge de nuances, d'inspirations différentes et de diversité: entre un magnifique Treasured Memories, aux notes de piano veloutées, et un Arabian Dream d'influence orientale, on ne peut pas dire qu'il y ait ressemblance, si ce n'est dans l'esprit majestueux qui est toujours développé par la compositrice. En effet, outre les cordes qui sont omniprésentes, celle-ci par l'utilisation fréquente de piano, ou de percussions, voire même d'un orchestre symphonique dans sa totalité, ne peut que présenter une oeuvre d'une grandeur exemplaire, pour un jeu vidéo comme Kingdom Hearts.

Pour le premier volet du jeu, Yoko Shimomura place d'ores et déjà la barre très haute: les musiques sont pour le moins magnifiques, dont certaines méritent une critique plus approfondie.

- Commençons avec le sublime Dearly Beloved pour piano accompagné par des cordes en pianissimo... Le piano joue de légers trilles sur une basse tout en liés... Que du bonheur.
- Mais une pièce plus festive comme Destiny Islands ne peut pas non plus laisser l'auditeur de marbre : Yoko maîtrise l'écriture de différents styles musicaux, en voilà la preuve. Le côté enjoué de la pièce est souligné par les quelques notes de cuivres qui viennent s'interposer à la fin des phrases musicales. Le rythme est quant à lui plutôt entraînant.
- Une musique particulièrement réussie pourrait également être le Mickey Mouse Club March, qui porte bien son nom... A écouter pour comprendre!
- Mais comment faire l'impasse sur la beauté du thème de Kairi qui revient trois fois dans ce premier OST? Les arpèges de la guitare s'envolent et s'accordent à merveille avec la mélodie sur Kairi I et II, alors que Kairi III est marquée par l'orchestre qui vient s'ajouter après une introduction tout en légèreté, qui donne une toute autre ampleur à ce thème.
- Traverse Town: Un des thèmes phares du jeu. Une mélodie jouée à la clarinette qui ne vous quittera pas de sitôt!
- Deep Jungle: Orchestre et percussions donnent un caractère un peu dur à cette pièce, mais elle est adoucie par une mélodie faite de notes délicates, et d'envolées sans pareilles.
- Precious Stars in the Sky: Une pièce féérique pour flûte et petites percussions (carillons, etc), soutenus par les cordes toujours présentes. Une pièce finement irrésistible.
Mais je crois que mon coup de coeur est formé des deux pièces à forte influence orientale que sont A Day in Agrabah et Arabian Dream. Il ne manque que le soleil couchant et les danseuses, et on s'y croirait presque. Des légers ornements viennent ponctuer ces deux pièces de toutes parts, lesquelles gardent pourtant les traits d'une oeuvre de Yoko tant la présence des cordes se fait encore sentir.
- Monstrous Monstro: Une pièce monstrueuse, comme son nom pourrait l'indiquer sans le vouloir, au sens où je l'entends! Cuivres, percussions (roulements de tambours sont les bienvenus), fins de phrases sur des notes graves de piano... Un véritable branlebas de combat comme on les aime!
- The Deep End: Un chef d'oeuvre à lui seul. Le pont qui lie les phrases les unes aux autres laisse résonner des roulements de tymbales à en donner des frissons. Du pur bonheur.
- Hollow Bastion: Un piano poussé par un orchestre, de temps à autres doublé par une harpe, violons et clarinettes viennent agrémenter la mélodie de douces notes... Une ambiance majestueuse comme Yoko Shimomura sait si bien créer.
- End of the World: Un choeur accompagné d'une harpe et de notes cristallines, avec un bourdon au piano, sans oublier les cordes toujours présentes... Cette musique résonne comme une prière un peu grave, l'espoir pouvant être matérialisé par les quelques notes cristallines qui jaillissent de part et d'autre de l'espace auditif créé par Yoko. Le piano, contrairement aux autres pièces, s'imposent ici de manière plus dure... Ses notes sont plus sombres qu'à l'ordinaire dans l'oeuvre de la compositrice.
- Destati, par le Tokyo Philarmonic Chorus: Un thème déjà exposé un certain nombre de fois dans cette OST (End of the World, etc) mais ici joué par le philarmonique de Tokyo, ce qui est d'une beauté incommensurable... Je vous laisse le soin d'écouter ce petit bijou, plutôt que de lui faire une longue éloge.

Dans le second volet du jeu, on retrouve quelques pièces du premier, mais réarrangées pour la plupart. Quoi qu'il en soit, l'ambiance est plus que similaire, en parfaite continuité avec Kingdom Hearts I. La grosse nouveauté à mon sens est l'utilisation plus fréquente de la musique électronique, scénario oblige! Mais attardons-nous plutôt sur les pièces phares de cette deuxième OST :

- Tension Rising: Premier coup de coeur. Cette pièce, fait preuve d'une certaine virtuosité (à l'écoute de l'orgue), et toujours de cette grandeur inouïe que cherche Yoko à mettre en musique. Les percussions, plus que présentes, sont ici un appui essentiel de la pièce.
- Missing You: Piano et cordes, une union qui a fait ses preuves, particulièrement avec Yoko Shimomura. Mais notons que le piano a ici ses apartés, ce qui nous permet de l'apprécier d'autant plus. Une partition pourtant simple laisse l'auditeur rêveur, et pourquoi pas nostalgique... "Missing You".
- The 13th Struggle: Impossible de faire l'impasse sur ce thème de l'Organisation XIII. Il pourrait être caractérisé ainsi : imposant, plein de tension, mais malgré cela plein de finesse. Pour ma part, je qualifierais cette pièce de... paradoxale.
- Friends in my Heart: Piano encore et toujours, lequel est soulevé par notre habituel orchestre. Il s'agit d'une adaptation du Dearly Beloved déjà entendu maintes fois.
- Organisation XIII: Le piano par ses notes simples apporte une touche sinistre à cette pièce. Quant aux choeurs, ils viennent donner une dimension humaine, mais lointaine, à cette pièce. Encore un paradoxe?
- Hesitation: Cette musique est marquée par un doute ("Hesitation") omniprésent : la harpe ose à peine jouer ses quelques notes veloutées parmi cette atmosphère de tension créée par l'orchestre et les choeurs. Une belle pièce.
- Cloudchasers: Une ambiance bien différente de celle que l'on connaissait jusqu'à présent. Cette pièce donne un aspect de musique électronique digne d'un bon film d'action.
- Floating in Bliss: Encore un aspect électronique. Mais Yoko garde tout de même le violon pour la mélodie, laquelle trouve écho dans l'accompagnement qui la soutient. Malgré tout, cette pièce est très appréciable car très enjouée.
- Hazardous Highway: Heavy Metal et notes cristallines, un mélange particulier mais qui a son charme. Cette pièce, par l'utilisation de la batterie et des guitares avec beaucoup de distorsion est déjà beaucoup plus "lourde" que les autres. Ajoutez à cela un tempo tout de même agité et vous aurez la recette de cette musique...
- Byte Bashing: Electronique quand tu nous tiens...
- One Winged Angel (from Final Fantasy VII): Un arrangement à la hauteur de l'écriture de Nobuo Uematsu a été ici réalisé par Yoko Shimomura. De quoi tirer son chapeau à la dame !
- Riku: un thème magnifique. Piano et cordes restent les principaux piliers de la pièce.
- Disappeared: Ce sont les choeurs qui rentrent en premier, suivis de près par le piano dans les graves, puis un roulement de tambours annonce l'entrée des cuivres, et par extension de tout l'orchestre. Le génie créatif et orchestral de Yoko a encore frappé pour cette pièce...
- Darkness of the Unknown: Incontournable. Yoko répète ici son schéma habituel avec les percussions. En ce qui concerne la mélodie, les phrases de celle-ci qui m'ont marquées sont celles jouées par l'orgue, d'une virtuosité salutable. Une nette coupure s'opère, lorsque choeurs, piano et cordes jouent seuls, puis tous les instruments viennent trouver leur place, ou prendre celle d'un autre, pour une fin en douceur. Il faut bien avouer que l'on reste un peu sur sa faim, on aurait préféré une fin plus grandiose, avec une reprise de l'orchestre, etc.
- Fantasia Alla Marcia for Piano, Chorus and Orchestra (Tokyo Philarmonic Orchestra): Comme toute pièce jouée par le Philarmonique de Tokyo, cette pièce est d'une splendeur particulière, réservée à tout final qui se respecte. Autant dire que l'on finit en beauté! Chaque instrument trouve sa place, y compris le piano qui trouve des moments de gloire, lorsqu'il est soutenu par les choeurs ou par les cordes, avant de céder sa place à l'orchestre déchaîné sans pour autant disparaître. Les choeurs d'hommes arrivent en toute beauté, auxquels viennent s'ajouter mezzos et sopranos. Un moment de calme arrive, avant de laisser place au thème qui revient pour donner une dimension plus joyeuse à ce fin, avec l'orchestre qui revient en totalité pour nos derniers instants de bonheur musicaux.
- Sunset Horizons: La musique de la fin secrète pour ceux qui ont réussi à y parvenir. L'ambiance y est beaucoup plus sombre, puis des notes de piano riches en émotion, accompagnées de l'orchestre, viennent ponctuer, avec par la suite un violon plein de tristesse voire de désespoir, ce court final, avant un retour de l'orchestre pour les dernières notes.

En résumé, une musique qui pourrait bien donner des frissons aux plus sensibles... Yoko Shimomura prête son talent pour l'oeuvre de Square Enix, et c'est pour notre plus grand bonheur. A noter que les musiques de combat sont excellentes, chose sûrement dûe à l'exprérience de Yoko dans le domaine, avec des jeux comme Street Fighter II.

En espérant qu'elle suive Kingdom Hearts jusqu'au bout, et qu'elle poursuive la création de cette ambiance qui lui est propre. Rendez-vous avec Kingdom Hearts III...

Article rédigé par Typhoox.