Bien. Voyons ce que t'as dans le ventre. | Vanitas, Birth by Sleep
Publié Lundi 26 Septembre 2011 par RedWizard dans la catégorie musique
Kingdom Hearts Birth by Sleep… 358/2 Days… Re:coded… Au travers de ces titres énigmatiques, notre « chère et bien aimée » Yoko Shimomura se voit remettre la composition des bandes originale de la série des Kingdom Hearts. Mais pour les concevoir, un détail l’interpelle pour deux d’entre elles : l’histoire est déjà passée (Re:coded faisant suite à Kingdom Hearts II). Cette contrainte s’avère être une source intarissable pour chacune de ces compositions. Des effets qui lui sont propres subsistent : les nombreux duos de violon et de piano, l’engouement pour les percussions, l’utilisation hétéroclite d’instruments jugés inaptes dans un orchestre philharmonique (clavecin, orgue, xylophone, synthétiseur, trompette, cloche…). On pourra remarquer une nouveauté apparaissant sous forme de vraisemblances sur ce papier à musique.
Orchestrée afin de susciter rapidement l’attention du spectateur, la musique peut passer d’un rythme calme et paisible à un rythme effréné et déchaîné, formant même des transitions sans pour autant heurter l’oreille de l’auditeur. On remarquera néanmoins une utilisation approfondie des cordes (sous toutes leurs formes : pincées, frottées, et frappées) conférant pour certaines œuvres un caractère transcendant, et même baroque. A les entendre, on jurerait entendre des boîtes à musiques, ou encore les vibrations sur ces fils de marionnettes, perçues comme un écho. Tout n’est que le fruit d’un prodige mécanique que Yoko Shimomura met en marche.
L’origine de l’histoire de Kingdom Hearts, du passé, et voire même de la musique se révèle aliénante, volatile, fuyante… Notre mémoire sera quant à elle dupée par la réutilisation d’airs (« Enter the Void », « Enter the Darkness ») révélant une certaine parité dans les compositions.
Le reproche qui pourrait être fait lors de l’écoute est la réutilisation prépondérante et redondante d’airs connus (notamment celui de Cendrillon). Même si le CD III reprend ce principe pour la majeure partie des morceaux que constituent Kingdom Hearts 358/2 Days, il n’empêche qu’une seule écoute suscite en nous un sentiment de curiosité sur certains titres, nouveaux ou anciens, rien que pour le maniement incroyable des technologies pour créer ces sons. D’ailleurs, Yoko Shimomura y voit le moyen d’altérer sa propre musique en prouvant son caractère trompeur, les notes s’assimilant à des « bugs » (les « Bugs » Versions). Même si le son de base est corrompu par des instruments dissonants, la musique reste néanmoins une composition. Ce procédé se retrouve pour la plupart des thèmes, créant un paysage harmonique somptueux qui, comme dans un rêve illusoire, peut brutalement virer au cauchemar. A croire que nous nous mentions à nous même, nous fervents rêveurs qui osons fermer les yeux pour n’entendre que cette musique dans notre tête.
Chaque monde comporte approximativement deux musiques : l’une est le thème à proprement parler hors combat, pouvant rappeler son leitmotiv (thème) musical ou bien être une composition originale dont les instruments correspondent parfaitement au monde en question, à l'image de « The Silent Forest » du Domaine Enchantée. Autre exemple : « Mickey Mouse March » tirée de la célèbre émission américaine, réutilisée dans notre cas pour Disneyville. Au thème initial s’ajoute des instruments comme le ukulélé, le tuba, la crécelle conférant au thème un côté festif, où les croches se perçoivent comme une dégringolade de couleurs et de confettis.
A l'opposé, quand nous sommes impliqués dans une bataille, le tempo s'accélère. Les instruments d’origines sont conservés mais sous une formation différente. Les instruments du second plan reviennent en avant, laissant place à des pas de danses rapides et autres marches quasi-militaire relevant du genre musical comme le Scherzo ou la Valse musette.
Généralement, un effet baroque compose les musiques de ces mondes, comme si leurs interprétations nous laissaient en état d’apesanteur, coupé hors du temps, nous dirigeant dans une voie divinement fatidique et inéluctable. L’utilisation du vibraphone et du synthétiseur le prouve clairement par leur lenteur (« Hau’oli, Hau’oli »). Nous avons la sensation quasi-permanente que nous sommes tirés vers le haut, comme si des fils de marionnette nous attiraient vers le scintillement des étoiles. Même les vents s’emportent en une douce brise, et il nous est impossible de nager à contre-courant dans ce flot de notes. Une sorte de triomphe puissant et de douceur infinie émane des rencontres effectuées dans ce cross over (« Dearly Beloved », « The Key of Light », « Peaceful Hearts », « Dearly Dreams »…).
L’idée d’espace se précise clairement dans le morceau intitulé audacieusement « The Worlds » (Les Mondes). Une forme tridimensionnelle se constitue au fur à mesure des montées et descentes de notes brèves du piano. Seules les voix lointaines quasi-angéliques forment de longues tenues aigues, répondant en chœur aux notes maintenues dans les graves, créant ainsi une résonance profonde. Du vide montre la place nécessaire, d’où un signal parcourrait sans cesse entre l’Enfer et le Paradis. Ce rythme « cardiaque » révèle la présence de vie, donc de monde qui reste à découvrir.
Nous éprouvons un sentiment similaire quand nous pénétrons dans l’Arène des Mirages. Quel doux nom pour un monde (le titre de la chanson est d’ailleurs « Dearly Dreams », soit Rêves chéris), évoquant un éloge du passé et de l’existence. Nous entrons presque dans une arène mythique, où seuls les Dieux et les légendes s’affronteraient.
Cependant, prenez garde ! « Keyblade Graveyard Horizon » redémontre parfaitement le côté illusoire de la musique. Milieu de désolation post-apocalyptique, seul un souffle joué par les instruments à vent y est omniprésent, au point même où ce monde expierait dans le lointain au doux son du glas. Dans ce désert immense, comme si les instruments étaient éloignés des uns des autres, l’espoir de revoir rejaillir de la poussière la splendeur d’antan semble compromis. Les voix du chœur viennent de toute part, tout comme un chant religieux entonné ici pour une procession macabre. A l’opposé, les notes jouées au piano révèlent la présence d’un personnage qui a son insu est en parfaite adéquation avec ce monde, créant ainsi une rupture musicale. On y dénote l’aspect éphémère et redoutable de la Nature et de ses illusions. Après tout, la Contrée du Départ sombrera à son tour dans les Ténèbres.
Pour concevoir ce côté ténébreux en action, Yoko Shimomura a recours aux percussions, qui ne sont autres que l’origine de la musique. Le tempo donne un rythme à l’air et, par conséquent une interprétation au contexte auquel il est attribué. On l’entend parfaitement dans le thème de Terra, ayant accompagné la diffusion de Kingdom Hearts Birth by Sleep. Rapide, réinventant presque les pulsations produites par les archets des violons, on y dénote un côté hâtif et malsain. Ce à quoi est ajouté l’air en contrechamp joué par un violon donnant par la même occasion un côté épique à cet accompagnement. Même si Terra sait que le temps lui file entre les doigts, il ne peut contrôler tous les instruments formant la machination dans laquelle il est impliqué. Tout s’enchaîne et tombe comme des dominos. Le poids d’être l’aîné ne l’aide guère dans sa quête. Il reste un personnage incompris, et pourtant son point de vue fait toute la différence.
L’idée du semblant se retrouve par l’insertion du hautbois dans le thème de Ventus. On pourrait presque croire à un pseudo thème de Roxas en jurant entendre un duo pour piano et violon alors qu’il s’agît d’un instrument à vent. D’autre part, le violon n’apparaît qu’en troisième partie du morceau. Même si le lien est difficile à discerner, le thème de Ventus surprend dans l’utilisation de ces trois instruments. Il faut y voir la construction d’un dialogue, faisant tour à tour entendre les monologues de notes que produisent le piano et le hautbois. Ces interrogations ne sont qu’une réflexion faite par le personnage : Ventus cherche à comprendre Terra et Aqua. Pourquoi Terra, le héros à ses yeux, n’est-il plus le même ? Pourquoi doit-il cesser de penser et de supporter la présence quasi-maternelle d’Aqua ? Ces questions le dépassent et le poussent lui aussi à se désaccorder et à grincer envers les deux protagonistes.
Troublante ressemblance au thème de Roxas par l’utilisation des mêmes instruments, et particulièrement des croches qu’émet le piano, le violon s’expose lentement en parfait accord avec le thème. D’ailleurs, on emploiera deux violons dans ce même morceau, jouant tour à tour. Aqua observe pour mieux comprendre mais aussi à résoudre le grave conflit au sein de leur groupe. L’idée d’employer des cordes montre un côté passif, plus en recul face à la fragilité et la complexité à manier ses amis pour rétablir leurs solidarités mutuelles, car tout peut se rompre en un instant. Par cette douceur, elle a peut-être la seule chance d’accéder à une forme de sagesse et de bienveillance sur le trio.
Ce que nous retiendrons de cet album est une forme d’éloge glorieuse envers le passé et l’enfance. Pour Yoko Shimomura, la peur ne se manifeste qu’à ceux qui pensent que l’ère d’antan n’est réduite qu’aux cendres, à un simple souffle. Tandis que ceux qui croiront en leurs histoires, en incarnant la preuve vivante et irréfutable, l’avenir n’aura de cesse de les encenser et de les glorifier éternellement. Cet enregistrement correspond en tout point à Kingdom Hearts Birth by Sleep. Cependant, nous avons connu Yoko Shimomura sous des augures beaucoup plus gratifiants. D’ailleurs, la bande originale de The Last Ranker (2010) prouve la richesse de son talent et le florilège dans ses compositions (petite Note : certains morceaux se trouvent d’ailleurs étroitement liés à ceux de Birth by Sleep). On ignore si elle est encore bridée à jouer des morceaux imposés, mais nous nous rendons compte, dès qu’elle est libre d’orchestrer, que son imagination est implacable et sans fin.
Des musiques à (Ré)écouter :
« Dearly Beloved »
« Terra »
« Peaceful Hearts »
« Dearly Dreams »
« The Silent Forest »
« Ventus »
« Mickey Mouse March »
« Hau’Oli, Hau’Oli »
« Keyblade Graveyard Horizon »
« Aqua »
« Enter the Void »
« Musique pour la tristesse de Xion »
« At Dusk, I’ll think of you »
« Vector for Heavens »
« Night of the Dark Dreams »
« Night of the Tragedy »
Article rédigé par Ansem's Way.
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on verra quand le prix baissera
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